vendredi 18 mars 2011

Un amant très vétilleux d'Alberto Manguel

Ce livre traînait dans ma bibliothèque depuis longtemps. Quelle meilleure occasion que des Un amant très  vétilleux d'A. Manguelvacances pour le lire, surtout lorsque l'itinéraire des vacances en question passe par Poitiers, ville dont il est question dans ce récit. L'écrivain nous brosse ici un tableau de la ville au travers de l'histoire d'Anatole Vasanpeine, figure étonnante de l'histoire locale. “Il s'appelait Anatole Vasanpeine et naquit au cours de la dernière décennie du XIXe siècle, l'année de l'affaire Dreyfus (…), habitait une maison sans prétention sise derrière l'église Notre-Dame-la-Grande, dans l'une des ruelles blanches et tortueuses qui descendent vers la rive du Clain.” 
Notre-Dame-la-Grande
Photographie de Margotte, juillet 2010 (Notre-Dame-la-Grande, Poitiers) 

Anatole va développer, en dépit d'une éducation terne, un goût prononcé pour l'observation. Il tient une série de carnets jusqu'à ses seize ans qui permettent de suivre le développement de cette sensibilité particulière. Lorsque M. Kusakabe, un japonais, s'installe à Poitiers, il lui transmet son enthousiasme pour la photographie. “C'est alors que la vieillard apprit au jeune homme que, dans sa langue, les photographies son appelées shashin, ce qui signifie “image de la vérité”.
Notre-Dame-la-Grande, détail
Photographie de Margotte (Notre-dame-la-Grande, détail), juillet 2010. 

A peine initié, le jeune homme reçoit une appareil photographique au Noël 1916. “Il respectait le désir de M. Kusakabe selon lequel les images devaient être des reproductions reconnaissables d'instants qui, ne passant que trop vite dans notre monde tournoyant, ne deviennent par conséquent que rarement des sujets convenant à la méditation.” Durant des années, Vasanpeine prend des photographies mais “à l'insu de tous”, aux Bains-Douches par exemple, lieu où il travaille. Il développe les clichés volés chez lui, où il s'est improvisé une chambre noire dans un cagibi, jusqu'au jour où sa dévorante passion prend une tournure inattendue…. Voilà un court récit qui s'accompagne d'une réflexion intéressante sur l'usage du regard et de la photographie. S'il ne s'agit pas selon moi du meilleur livre d'A. Manguel,  il reste fort bien écrit et l'histoire étonnante d'Anatole va et se lit… sans peine…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire