Syngué Sabour - Pierre de patience d'Atiq Rahimi

   Édité chez P.O.L. en 2008, ce roman a obtenu la même année le prix Goncourt. C'est le premier ouvrage d'Atiq Rahimi écrit en français (les trois autres ont été traduits du perse). Enthousiasmée par Terre et cendres, premier roman du même auteur, j'ai lu ce “Goncourt” dans la foulée et n'ai pas été déçue…  

   En Afghanistan, ou ailleurs, une femme veille un homme malade et paralysé. Jour après jour, elle soigne cet homme, “héros de la libération” avec lequel elle a été mariée à dix-sept ans. Alors que le temps passe et que la guerre fait rage dehors, elle se confie à lui. Lentement, mais parfois avec violence, elle va lui livrer tout ce qu'elle n'avait oser lui dire jusque là.

 Extrait : “”Oh, ma syngué sabour, j'ai tant de choses à te dire encore…” Elle recule. “Des choses qui se sont entassées depuis un certain temps en moi. Nous n'avons jamais eu l'occasion d'en parler. Ou, soyons sincères, tu ne m'as jamais donné l'occasion d'en parler.” Elle prend une pause, le temps d'un souffle, pour se demander par où et par quoi commencer. Mais le cris du mollah convoquant les fidèles à se prosterner devant leur Dieu à l'heure du crépuscule l'affole, et repousse ses secrets en elle.” p. 90

Ses regrets, ses espoirs, ses désirs, ses peurs… alors que la femme se livre, c'est l'ensemble des rapports hommes-femmes qui se révèlent. Ces rapports, marqués par le poids de l'intégrisme religieux, ploient sous l'absence de respect. Face à cette situation dramatique puisqu'elle engendre de la violence, ce magnifique petit roman invite à interroger le monde de l'autre et de manière subtile, convie à l'échange.