Voilà un roman très connu suite à son adaptation cinématographique par Alain Corneau (le livre est une réponse à la demande du réalisateur). Le texte de Pascal Quignard, petit bijou, se lit avec une fluidité rare. Il s'agit de la réécriture d'un épisode raconté dans La leçon de musique, du même auteur. Leçon de musique s'inspire de textes anciens, principalement de Vies des Musiciens d'Evrard Titon du Tillet.
L'histoire
Elle commence en 1650, au printemps, alors que meurt Madame de Sainte Colombe qui laisse derrière elle ses deux filles, Toinette et Madeleine. Leur père compose à cette occasion le Tombeau des Regrets. Ce dernier, maître de viole, connaît un succès certain à Londres et à Paris. Deux ans après la mort de sa femme, le veuf, inconsolé, vend son cheval et s'isole dans sa propriété près de la Bièvre afin de se consacrer à la musique. Le père apprend à ses enfants à jouer et ils se produisent devant de petites assemblées. « Toutefois le père et ses filles s'adonnaient particulièrement à des improvisations à trois violes très savantes, sur quelque thème que ce fût qu'un de ceux qui assistaient à l'assemblée leur proposait. » Malgré tous les efforts du roi, il ne parvient pas à faire venir Monsieur de Sainte Colombe à la cour. « Les courtisans continuaient de vanter ses improvisations virtuoses. Le déplaisir de ne pas être obéi ajoutait à l'impatience où se trouvait le roi de voir le musicien jouer devant lui. ». Mais tout va changer lorsque un jour, Marin Marais, gaillard de 17 ans « rouge comme la crête d'un vieux coq », vient frapper à la porte du maître afin d'obtenir des cours de viole et de composition…
Mon avis
Quel choc de lecture après La tour noire… L'écriture, à la fois érudite et d'une grande simplicité, coule, à l'image de la Bièvre omniprésente dans le roman. D'une grande force évocatoire, les descriptions des scènes musicales laissent presque entendre la musique. Je n'attends plus que la (re-)découverte du film, vu il y a déjà bien longtemps. J'ai commandé le DVD alors que le livre n'était pas encore refermé ! Pas un mot en trop dans ce court roman divisé en XXVII chapitre ciselés, laissant entendre le silence de la musique. Du grand art !
Quel choc de lecture après La tour noire… L'écriture, à la fois érudite et d'une grande simplicité, coule, à l'image de la Bièvre omniprésente dans le roman. D'une grande force évocatoire, les descriptions des scènes musicales laissent presque entendre la musique. Je n'attends plus que la (re-)découverte du film, vu il y a déjà bien longtemps. J'ai commandé le DVD alors que le livre n'était pas encore refermé ! Pas un mot en trop dans ce court roman divisé en XXVII chapitre ciselés, laissant entendre le silence de la musique. Du grand art !
Extrait
« Monsieur, il y a longtemps que je souhaite vous poser une question.- Oui.
- Pourquoi ne publiez-vous pas les airs que vous jouez ?
- Oh ! mes enfants, je ne compose pas ! Je n'ai jamais rien écrit. Ce sont des offrandes d'eau, des lentilles d'eau, de l'armoise, des petites chenilles vivantes que j'invente parfois en me souvenant d'un nom et de plaisirs.
- Mais où est la musique dans vos lentilles et vos chenilles ?
- Quand je tire mon archet, c'est un petit morceau de mon cœur vivant que je déchire. Ce que je fais, ce n'est que la discipline d'une vie où aucun jour n'est férié. J'accomplis mon destin. »
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