dimanche 20 mars 2011

La naissance du jour de Colette, lu par Michèle Morgan

Maintenant que j'ai découvert les livres audio, je continue mon exploration de l'œuvre de Colette en version CD… Je suis particulièrement bien tombée pour cette lecture de La Naissance du jour. La voix de Michèle Morgan s'adapte parfaitement à ce récit de la maturité de la romancière. Le texte date de 1928, Colette a alors 55 ans. Dans la période qui s'étend de 1925 à 1939, elle continue ses activités de journaliste tout en publiant de nombreux ouvrages.  
Laure Barontini - Plénitude                                                                                                                Le roman s'ouvre sur la lecture d'une lettre de Sido, et d'autres viendront ponctuer le récit. L'histoire se déroule à Saint-Tropez, dans une maison que l'on ne peut qu'associer à La treille muscate. La narratrice évoque son passé, ses amours, son rapport aux hommes, aux bêtes et aux plantes. L'intrigue se résume à l'évocation des visites de son jeune voisin, Vial, visiblement amoureux d'elle. Le récit propose un parcours intérieur plus qu'une suite d'aventures ou d'actions. S'il pourrait être écrit sous la forme d'un long monologue intérieur, Colette a choisi de varier les techniques narratives, et c'est en écrivaine avertie qu'elle utilise toutes ses ressources : essai, poème en prose, monologue intérieur… La variation des types narratifs dynamise un texte où le “je” se construit par le biais d'un dialogue avec la mère. 
L'enchantement opère à plein dans ce récit pleinement maîtrisé. Chaque chapitre, brossé comme un tableau, pourrait se lire de manière indépendante. L'ensemble déroule une prose souvent poétique, à la force évocatoire certaine. Colette ici dit “je”, tout en mettant le lecteur en garde : “Imaginez-vous, à me lire, que je fais mon portrait ? Patience ; c'est seulement mon modèle.”.

Extrait 
“J'ai le souvenir très net d'avoir été moins chérie de mes bêtes, quand je souffrais d'une trahison amoureuse. Elles flairaient sur moi la grande déchéance : la douleur. J'ai vu, à une belle chienne de qualité, un regard inoubliable, généreux encore, mais mesuré, ennuyé avec cérémonie, parce qu'elle n'aimait plus autant la signification de tout mon être, - un regard d'homme, le regard d'un certain homme. La sympathie de l'animal pour l'homme malheureux… on n'arrivera donc jamais à faire justice de ce lieu commun, d'une bêtise purement humaine ? L'animal aime presque autant que nous le bonheur. Une crise de larmes l'inquiète, il imite parfois le sanglot, il réfléchit passagèrement notre tristesse. Mais il fuit le malheur comme il fuit la fièvre, et je le crois capable, à la longue, de le bannir…” 

Aquarelles de Laure Barontini (site ICI)

2 commentaires:

  1. J'ai noté ce livre et je l'achèterai, si je ne l'ai pas dans "mes Colette" ....

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    1. @Jacline : c'est un achat qui fera de l'usage car c'est le genre d'ouvrage que l'on lit et relit... Bonne journée !

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